Chaouia Settat, Tribu Ouled sidi Bendaoud, Guisser سطات كيسر اولاد سيدي بند

Origine des Ouled sidi Bendaoud, Guisser
Par Charles de FOUCAULD

Extrait : "Quelle est la source de ce prestige de Sidi Ben Daoud? Sidi Ben Daoud n'est point un chef d'ordre religieux; Sidi Ben Daoud déscend du Khalif Omar Ben El Khattab. Ses ancêtres, établis depuis trois siècles et demi au Maroc, y acquirent vite autant par leur vertu, que par illustre et sainte naissansse, la vénération et la puissance.............."


Dès son entrée à Boujaad, Charles de FOUCAULD, accompagné du Rabbin Marchodé, a été saisi par l'originalité de cette petite ville, et surtout par le personnage de Sidi Bendaoud, le Chef de la Zaouïa des Cherquaoua qu'il décrivait dans son fameux ouvrage, " Reconnaissance au Maroc ", comme étant un beau vieillard de 90 ans, au visage pâle, à la longue barbe blanche, avec des traits d'une rare _expression de douceur et de sérénité, et jouissant, malgré son grand âge de la plénitude de ses facultés.

Il était en fait le septième descendant de Sidi M'hammed EchCherki, fondateur de la Zaouïa de Boujaad en 1566, sous le règne et la bénédiction du Sultan Saâdien Al Mansour Addahbi.

Charles de FOUCAUD rapporte que : " la ville est toujours remplie de pèlerins : ils viennent chercher la bénédiction du saint et gagner en échange de cadeaux les grâces attachées à ses prières.

C'est surtout le jeudi, jour du marché, que les fidèles sont nombreux, la semaine dernière, les offrandes, en blé seulement, se montaient à deux cents charges de chameau ; la précédente, à quatre cents ; de plus, il avait reçu de grands dons d'argent, de bétail et de chevaux. Ce ne sont pas seulement les particuliers qui remplissent ces pieux devoirs.

Chaque année, les tribus environnantes arrivent, les unes après les autres, fraction par fraction, recevoir en masse la bénédiction du Sid et lui présenter leur tribut.

Cette redevance régulière lui est servie par toutes les tribus du Tadla, presque tous les Chaouïa, quelques fractions des Aît Seri, une petite fraction des Ichiquern ".

A une époque où les voies de communication n'étaient pas toujours très sûres, les habitants de Boujaad, Juifs et Musulmans jouissaient de la protection privilégiée de la Zaouïa, qui permettait à leurs caravanes, chargées de précieuses marchandises, de de déplacer en toute quiétude à travers les grandes axes, tels qu'Anfa-Tafilalet et Fès-Marrakech, qui convergeaient justement sur Boujaad.

Sur les tronçons risqués ( en bled siba en particulier ), la caravane était accompagnée d'un parent du saint, patron de la ville. L'économiste Ricardo n'aurait sans doute pas soupçonné qu'une intervention spirituelle pouvait contribuer à la prospérité économique.

Cette prospérité économique se conjuguait pleinement dans la Zaouïa des Charquaoua avec la tolérance sociale, à tel point que sa population juive est passée de 200 âmes en 1884 ( sur une population totale de 1700 personnes ) à 1010 en 1919, composée de Toshabim et de Meghorashim.

Ce choix du jeudi permet également aux habitants juifs de participer à la frénésie commerciale de ce jour, car comme le dit le vieil adage de la région de chaouia :

" SOUK BLAYAHOUD BHAL CADI BLA CH'HOUD "

On peut citer parmi les oulémas qui ont fréquenté cette Zaouïa, son historiographe EL MAADANI, l'historien EL BADOUNI, le jurisconsulte ABU EL KACIM ARRIBATI, le grand aâlem TAOUDI BENSOUDA, le médecin ABDELKADER BENCHEKROUN, pour n'en citer que quelques-uns.


Parallèlement, l'influence politique de cette Zaouïa ne fut jamais des moindres.
En effet, cette confrérie a joué un rôle remarquable dans les événements qui ont jalonné plusieurs siècles de l'histoire du Maroc.

Pour illustrer cette action, contentons - nous de citer Ali BEY qui avait écrit en 1804, dans son ouvrage " Voyage d'Ali Bey en Afrique et en Asie ", sur la Zaouïa de Boujaad et sur SIDI EL ARBI qui en était le chef : " je parlerai ici des deux plus grands saints qui existent maintenant dans l'Empire du Maroc : l'un est SIDI ALI BEN AHMED, qui réside à Ouazzane, et l'autre, qui se nomme SIDI EL ARBI BEN AHMED SIDI BEN DAOUD, demeure à TADLA.

Ces deux saint décident presque du sort de l'Empire, parce que l'on croit que ce sont eux qui attirent les bénédictions du ciel sur le pays. Dans les districts où ils habitent, il n'y a ni Pacha, ni Kaïd, ni gouverneur du sultan, et on n'y paie aucune espèce de tribut le peuple est entièrement gouverné par ces deux saints personnages, sous une espèce de théocratie et dans une sorte d'indépendance. La vénération dont jouissent ces personnages est si grande que , lorsqu'ils visitent les provinces, les gouverneurs prennent leurs ordres et leurs consignes.

Je n'ai pas vu Sidi Alarbi SIDI BEN DAOUD qui était à Tadla, mais je connais un de ses neveux, qui est venu me voir en son nom. Il est fort rouge, et tellement gros que sa respiration est fatigante. On assure que Sidi Alarbi SIDI BEN DAOUD est encore plus grand et plus gras. Malgré sa grosseur, on ajoute que Sidi Alarbi SIDI BEN DAOUD monte légèrement à cheval et qu'il tire très bien un coup de fusil, ce qui est une nouvelle faveur de la divinité ".

Il est intéressant de citer également Charles DE FOUCAUD : " SIDI BEN DAOUD est en bonne relation avec le sultan ; jamais, malgré leur puissance, ni lui ni ses ancêtres n'ont montré d'hostilité au gouvernement des Shérifs. Moulai El Hassan envoie chaque année de riches présents à Bou el Djad ; en échange, toutes les fois qu'il va de Fès à Marrakech, SIDI BEN DAOUD ou un de ses fils l'accompagne depuis Dar Beïda(casablanca) jusqu'à l'Oumm er Rebia (fleuve)ou l'oued el Abid (fleuve). C'est ainsi que hadj El Arbi SIDI BEN DAOUD est en ce moment auprès du sultan".

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